Après avoir présenté aux élèves l’exposition installée dans l’établissement, une question leur est posée : que se passe t’il entre vous et votre image ?
Grâce à divers outils photographiques et diverses contraintes, les élèves sont amenés à réaliser des autoportraits indirects, en creux : selfie inversé, natures mortes avec objets personnels, série de silhouettes. Tout au long des semaines de rencontres, en observant le processus de prises de vue, les élèves sont invités à faire parler leurs images sans visage. La construction fragmentée de cette identité décale sans cesse, séance après séance, la perception du « je ». Le trouble est semé.
L’écriture vet les prieses de notes viennent équilibrer, décrire, croquer, révéler les intentions, les chemins mentaux pris par les élèves. C’est grâce à l’invitation de l’écrivaine Gabrielle Schaff que les mots et le style sont travaillés. Ensemble, nous tissons les liens textes/images autour de l’autobiographie et de l’autofiction. Il nous tient à cœur de montrer comment ces disciplines peuvent être complémentaires.
Pour la séance finale, la matière hétérogène créée dans les séances précédentes est disponible, imprimée, touchable, découpable, déchirable, collable. Comme une évidence, c’est l’heure du photo-collage : chacun dispose d’une feuille dessin légèrement plus petite qu’une feuille A4 et doit tenter de mettre en espace ces points de vue nouveaux sur son image.
En proposant de telles situations aux élèves, il s’agit de les inviter à regarder vraiment leurs images.
De plus, cela m’aide à nourrir la problématique de l’égoportrait dans mon travail personnel. Entre histoires personnelles et archives entremêlées, j’ai créé mon double « Jean Pacquet Dubois », ce dernier est une forme d’éponge où se mélange les projections de plusieurs regards, plusieurs vies possibles. Dans cette perspective, j’ai filmé, enregistré et retranscrit toutes les séances pour documenter les mises en scène, les questionnements et nos croisements. Ces gestes ont, eux aussi, apporté une matière supplémentaire, une autre strate dans la machine à fabriquer des images du dispositif.
À mon tour de reproduire le geste de photomontage des élèves. J’aimerai trouver un objet photographique dans lequel ces individualités déconstruites, puis remontées mettent en valeur leurs regards sur le monde. Comment peuvent-elles se raconter, s’articuler les unes avec les autres ? Comment dresser le portrait de ces interstices d’identité ? Comment s’orienter dans les fragments d’angles, de couches, de morceaux d’intimités posés ici ou là ?
Rendez-vous dans quelques mois pour une réponse plastique proposée dans le cadre d’une publication avec le Centre Photographique de Rouen-Normandie.
Grâce à l’enseignant, Thibault Le Forestier, retrouvez ici des articles offrant un autre point de vue sur l’atelier avec la classe de première option arts-plastiques du lycée Anguier, à Eu.
Encore merci à lui pour cette documentation et son soutien précieux pendant le cycle d’atelier.
Merci aux élèves pour leurs très pertinentes expérimentations.